Responsable : S. Rigaud
Co-responsable : C. Ferrier
Un débat persistant est de savoir si la capacité de matérialiser des symboles, est le propre de l’Homme Anatomiquement Moderne, Homo sapiens, ou si ce comportement a graduellement émergé aux cours des multiples interactions culturelles et biologiques entre les diverses populations d’hominines qui se sont succédé. Des manifestations symboliques, même controversées et épisodiques, sont désormais connues en Eurasie, bien avant l’arrivée des populations dites ‘modernes’. Cet enregistrement archéologique complexe suggère que les manifestations symboliques sont l’expression de trajectoires culturelles non linéaires. L’équipe explore comment ces trajectoires ont pu être conditionnées par des facteurs biologiques, sociaux, environnementaux et démographiques. Cette équipe, dirigée par S. Rigaud (CR CNRS) et C. Ferrier (Mc Université de Bordeaux), comprend 26 membres.
Le travail collectif s’organise en 4 axes qui explorent d’une part, les plus anciennes évidences matérielles de l’aptitude à formaliser des symboles, et d’autre part, la structure du système symbolique et ses interactions avec les sphères sociales, économiques, les stratégies de subsistance et de mobilités des groupes.
- Productions symboliques et émergence des systèmes de communication. Cet axe vise à explorer la manière dont on peut inférer l’évolution des systèmes de communication sur le temps long et les conséquences sur la diversification et la complexification des langages des différentes vagues de populations anatomiquement modernes sorties d’Afrique et de leur rencontre avec les hominines ‘archaïques’ eurasiens : Peut-on identifier la variabilité linguistique dans le registre archéologique ? Les supports visuels permettent-ils de consolider les messages ? La parure codifie-t-elle un système syntaxique ? À partir de quand ?
- Les productions symboliques contribuent-elles à identifier les cultures cohésives du passé et leur évolution au cours du temps ? Une réflexion méthodologique sera menée pour le développement d’outils autres que la simple cartographie pour reconstituer les territoires et réseaux de contacts afin d’explorer les liens culturels qui régissent la diffusion de l’information au sein d’un territoire symbolique.
- Approche multi-échelles de l’environnement physique des manifestations graphiques pariétales et rupestres : particularités et contraintes des sites et emplacements ornés. L’approche géoarchéologique et archéométrique conduit à une meilleure connaissance de l’espace orné depuis sa structuration jusqu’à la caractérisation des contraintes mécaniques des supports. Cette approche comprend également une analyse taphonomique permettant de mieux appréhender la réalité de ce qui nous est parvenu. Parallèlement, appréhender les adaptations aux contraintes physiques des territoires et des grottes conduira à mieux identifier certains choix laissant percevoir l’existence d’un contenu symbolique qui, loin de se limiter au « figuré » inclurait les moyens de la figuration.
- Comment définissons-nous un système symbolique du point de vue de l’archéologie. Comment identifier les premières cultures symboliques ? Cet axe étudie comment les systèmes symboliques ont émergé et comment ils ont affecté l’organisation des sociétés. Il contribuera à des développements méthodologiques et théoriques qui visent à identifier dans le registre archéologique des expressions symboliques ignorées jusqu’à présent. C’est une approche diachronique, s’étendant jusqu’au début de l’Holocène, afin d’observer l’adoption, l’abandon et la réémergence de nouveaux gestes et comportements au cours du temps.
Légende : Grotte de Cussac (Dordogne), détail des gravures pariétales du Panneau de la Découverte (ph. V. Feruglio et C. Bourdier/ministère de la culture)