L’espèce Sahelanthropus tchadensis datant du Miocène tardif (7 millions d’années) et découverte au Tchad est souvent considérée comme un l’un des possibles premiers représentants de notre tribu, les Hominini. Cependant, certains chercheurs considèrent qu’il pourrait en fait s’agir d’un lointain parent des grands singes africains que sont les gorilles et chimpanzés. Le débat concernant les relations de parenté de ce primate aussi surnommé Toumaï est donc brulants et la question du comportement locomoteur de ce dernier est un des points critiques pour mieux comprendre l’évolution de notre lignée.
La description préliminaire du fémur de Sahelanthropus (Macchiarelli et al., 2020) suggérait que ce primate n’avait pas une morphologie typique de celle des hominines qui pratiquent la bipédie habituelle. Une étude successive par Guillaume Daver et collègues (2022) a analysé la morphologie externe et la structure interne de ce fémur et a conclu que Sahelanthropus présentait les caractéristiques d’une bipédie habituelle.
Une nouvelle étude du fémur de Sahelanthropus par Marine Cazenave et collaborateurs vient d’être publiée dans le Journal of Human Evolution et ouvre de nouvelles perspectives sur le débat. Parmi les auteurs de ce travail, Clément Zanolli, chercheur CNRS du laboratoire PACEA de l’Université de Bordeaux est impliqué. En utilisant un échantillon comparatif varié et des analyses supplémentaires, l’étude de plusieurs caractéristiques morphologiques externes (notamment l’angle col-diaphyse très ouvert, le degré d’antéversion du col du fémur, la courbure marquée de la diaphyse ; Figure 1), de la structure interne (et notamment de la distribution de l’os cortical), et des proportions des membres (entre bras et jambe) montre un signal compatible avec celui des grands singes africains et qui diffère clairement de celui identifié chez les australopithèques, dont Lucy, et les humains.
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Références
- Cazenave, M., Pina, M., Hammond, A.S., Böhme, M., Begun, D.R., Spassov, N., Vecino Gazabon, A., Zanolli, C., Bergeret-Medina, A., Marchi, D., Macchiarelli, R., Wood, B., in press. Postcranial evidence does not support habitual bipedalism in Sahelanthropus tchadensis: A reply to Daver. J. Hum. Evol. https://doi.org/10.1016/j.jhevol.2024.103557.
- Daver, G., Guy, F., Mackaye, H.T., Likius, A., Boisserie, J.R., Moussa, A., Pallas, L., Vignaud, P., Clarisse, N.D., 2022. Postcranial evidence of late Miocene hominin bipedalism in Chad. Nature 609, 94-100. https://doi.org/10.1038/s41586-022-04901-z.
- Macchiarelli, R., Bergeret-Medina, A., Marchi, D., Wood, B., 2020. Nature and relationships
of Sahelanthropus tchadensis. J. Hum. Evol. 149, 102898. https://doi.org/10.1016/j.jhevol.2020.102898.
Figure 1. Analyse de la courbure de la diaphyse du fémur, montrant que Sahelanthropus présente une morphologie comparable à celles des gorilles et chimpanzés et différentes de celle des australopithèques et des humains.
En participant à une meilleure connaissance du patrimoine culturel et de l’évolution des groupes humains passés, cette étude contribue à l’ODD 4.
Contact : Clément ZANOLLI (Chargé de Recherche CNRS), Laboratoire PACEA, UMR 5199, Université de Bordeaux, Bâtiment B8, allée Geoffroy Saint Hilaire, CS 50023, 33615 Pessac Cedex. Tél : +33 (0)5 40 00 24 09 – email : clement.zanolli@gmail.com
